Surmonter en douceur l’angoisse de séparation

Quel enfant n’a jamais été traversé par cette tempête émotionnelle que représente la douloureuse et difficile « angoisse de séparation » ?

La parentalité, le rôle le plus important de notre vie, nous ouvre la voie vers l’amour inconditionnel et cristallise les angoisses du quotidien. 

Nous sommes mobilisés par de nouvelles problématiques qui touchent au bon développement de notre tout petit et à son épanouissement.

Alors comment accompagner au mieux ces « séparations » auxquelles nous sommes confrontés tôt ou tard…

De la séparation du soir au coucher pour la nuit, celle de la crèche, de la nourrice, de l’école, voyages professionnels, classe de neige… les occasions de séparation sont nombreuses et pas toujours simples à gérer.

Notre bébé de 8 mois pleure dès que l’on disparaît de son champ de vision, notre petite fille de 2 ans s’agrippe à nous en hurlant quand on la dépose à la crèche… notre fils de 1 an ne veut pas s’endormir tout seul, notre fille de 5 ans est inconsolable à l’arrivée à l’école… ne veut pas dormir chez un/une amie… 

Les larmes de nos enfants lors des premières séparations nous brisent le cœur et nous rendent vulnérables.

L’angoisse est indicible et va survenir par crise lors d’évènements particuliers tels que la séparation, la rupture, l’absence, la nouveauté… 

L’angoisse résulte de la différence entre le familier et l’étranger…l’enfant va se retrouver dans un moment de déséquilibre émotionnel parce qu’il ne maîtrise pas, ne comprend pas…et c’est là toutes les qualités de la parentalité pour dédramatiser, écouter, accompagner, mettre des mots…et faire en sorte que l’enfant surmonte cette épreuve.

Il est important d’accueillir ces émotions sans forcément chercher à « rassurer à tout prix » par peur de l’effet inverse ! Plus on rassure, plus on insécurise quelque part…et finalement quoi de plus important sinon que l’enfant trouve son pouvoir personnel à l’intérieur de lui-même.

Si je rassure sans cesse mon enfant, il aura toujours besoin que je vienne le rassurer, continuera de penser qu’il se sent impuissant et qu’il a besoin de sa figure d’attachement, quelle qu’elle soit…

Notre devoir de parent implique d’aider son enfant à construire et asseoir son pouvoir personnel.

Je me suis beaucoup renseignée sur la parentalité positive pendant ma grossesse et je ne cesse de découvrir au fil du temps le pouvoir de la bienveillance et de l’empathie envers son enfant.

Je me suis personnellement servie de cette histoire du « réservoir d’amour » imaginé par Isabelle Filliozat pour faciliter les différentes phases de la séparation.

Il suffit d’imaginer une sorte de réservoir ou de vase qui se trouve dans le corps de l’enfant et qui a besoin d’être rempli de notre amour. Il faut alors, en tant que figure d’attachement, remplir quotidiennement ce réservoir qui se vide sans cesse au fil de la journée.

Lors d’une séparation, ce réservoir d’amour peut se caractériser par un objet tel qu’un doudou, bracelet… (chez nous c’est le doudou) que l’on remplit de notre amour et que l’enfant pourra toucher tout au long de la journée quand il en ressentira le besoin… Expliquer à son enfant que cet objet est rempli de notre amour et qu’il peut à n’importe quel moment le toucher pour ressentir les bienfaits de cet amour. Cela installe l’attachement, l’objet permet de sentir la présence de la figure d’attachement et en même temps il y a l’acte, l’enfant a un acte à faire pour se sentir mieux et le simple fait d’avoir cette action à faire donne du pouvoir à l’enfant.

Tout cela n’est pas une science exacte mais des astuces pour aider son enfant à gagner en autonomie, en indépendance et à prendre confiance en soi.

Il peut y avoir aussi des jeux mis en place pour faciliter cette étape de la séparation : le jeu de « coucou caché » pour les tous petits est un excellent moyen de consolider le lien à l’autre de telle sorte que les angoisses d’abandon seront atténuées. 

Une manière ludique d’intérioriser de manière sécurisante la séparation puis l’absence.

L’enfant supportera mieux la séparation quand il a à sa disposition des objets, des rituels, des petits mots… autant de de mémos rappelant la figure de l’attachement.

Préparer son enfant à la séparation est primordial : parler de la personne qui s’occupera de l’enfant, évoquer avec son enfant ce qu’il fera pendant la séparation, donner de vraies raisons à la séparation et évoquez ce que nous parents nous allons faire durant ce moment, s’ouvrir émotionnellement à son enfant, écouter celles de son enfant qui a le droit d’être triste, en colère, d’avoir peur…, évoquer les retrouvailles, habituer l’enfant progressivement avec des temps d’adaptation en crèche/nourrice/autres, ne pas laisser son enfant sans dire « au revoir » pour éviter le sentiment d’abandon, de trahison…et dans la mesure du possible manifester l’existence de la figure d’attachement pendant la séparation … téléphone, facetime…

Il également important que la personne qui s’occupe de l’enfant écoute celui-ci parler de la personne absente.

Bien sûr, il est impossible d’éliminer toutes les angoisses de l’enfant mais nous pouvons les aider à y faire face en leur montrant que l’on respecte et que l’on comprend leurs angoisses.

Julie Q.